Résumé

Résumé

Depuis une vingtaine d'années, les risques de dégâts dus aux larves de taupins (coléoptères élatéridés) sont devenus une préoccupation majeure du monde agricole. Actuellement, sur les 2.9 Mha de maïs cultivés en France, une grande partie faisait encore l’objet d’un traitement de semence à base de thiaclopride (famille des NNI) en 2018. Ceci pour protéger les semis contre les dégâts dus aux larves de taupins. Cette famille de produits étant désormais interdite, il devient urgent de comprendre les facteurs expliquant les niveaux d’infestations de taupins et leur nuisibilité sur culture de maïs.

En France, parmi les quatre espèces nuisibles sur maïs, on distingue les espèces dont la durée du cycle est estimée entre 3 et 5 ans (A. lineatus, A. sputator, A. obscurus) de celle à cycle plus court (1-3 ans), A. sordidus. Le caractère cryptique de la vie larvaire des taupins, entièrement endogée, et la durée de leur cycle biologique en font des insectes dont il est difficile d’étudier la biologie. Cette caractéristique explique en partie le caractère fragmentaire de la connaissance disponible sur la biologie et l’écologie des taupins et le nombre limité de moyens de contrôle, en dépit d’une intensification des travaux de recherche au cours de la dernière décennie. Les systèmes de culture adoptés par l’agriculture de conservation présentent des caractéristiques a priori favorables au développement des populations de taupins (absence de travail du sol, couvert végétal permanent) sans que, dans les faits, des dégâts plus importants ne soient constatés. Ces systèmes offrent un contexte d’étude intéressant pour comprendre les mécanismes en jeu et identifier des leviers d’action pour contrôler la nuisibilité des taupins.

Les objectifs du projet STARTAUP sont (1) de produire des connaissances sur les processus écologiques déterminant le niveau des infestations et des dégâts associés, ainsi que de leur variabilité spatiale et temporelle, et (2) de développer des stratégies innovantes pour la maîtrise des dégâts dus aux taupins sur culture de maïs. Ce projet s’articule en 5 tâches. La tâche 1 du projet a pour objet la constitution d’un réseau de sites d’observation et d’étude des populations de taupins en Bretagne. Au sein de ce réseau, composé pour moitié de systèmes conduits en agriculture de conservation, nous évaluerons (tâche 2), dans des parcelles de maïs et leur environnement proche les niveaux d’infestation de taupins ainsi que les dégâts. Il s’agit d’établir les contributions relatives de la structure (configuration et composition) des paysages agricoles et des facteurs culturaux dans le déterminisme des niveaux d’infestations de taupins et leur nuisibilité sur culture de maïs. L’objectif de la tâche 3 est de produire des connaissances nouvelles sur les traits de vie clés déterminant l'écologie des taupins. La tâche 4 vise à tester et mieux comprendre, en parcelles expérimentales, des stratégies de contrôle innovantes notamment en s’inspirant de pratiques mises en oeuvre en agriculture de conservation. La tâche 5 est consacrée au transfert des nouvelles connaissances acquises aux acteurs de terrain, et à la valorisation académique et technique des résultats obtenus.

La démarche adoptée dans le cadre du projet STARTAUP, qui repose sur la collaboration entre acteurs de terrain et acteurs de la recherche, permettra d’atteindre des objectifs en phase avec les ambitions du plan Écophyto: (i) valider la pertinence des axes de recherche dans un cadre de protection intégrée des cultures, (ii) garantir la diffusion des connaissances issues du projet en direction des acteurs de terrain et (iii) mettre en oeuvre et tester des leviers d’action pouvant constituer des alternatives à l’utilisation systématique des néonicotinoïdes.